Etat des lieux des populations d’oiseaux chassables : le rapport de la commission Européenne
La FACE, Fédération Européenne de la Chasse et de la Conservation, dévoile son analyse du rapport de la Commission européenne sur l’État de la Nature dans l’Union européenne. Cette étude est réalisée dans le cadre des Directives Oiseaux et Habitats pour évaluer l’état de la biodiversité européenne. La connaissance de ces données est fondamentale pour effectuer un bilan de santé des populations d’oiseaux chassables (définies par l’annexe II de la Directive Oiseaux). Ainsi, ces informations représentent un bilan des différentes études menées de 2013 à 2018.
Comment se portent les populations d’oiseaux ?
Le premier constat de cette étude est évident : la biodiversité européenne est en déclin, qu’il s’agisse d’espèces chassables, ou non. Bien évidemment, la chasse n’est en rien la cause de cette dégradation. Selon l’étude, il est avéré que l’agriculture est « la pression la plus fréquemment mentionnée à l’égard des habitats, des oiseaux et des espèces autres que celles d’oiseaux« . L’étude démontre également que l’urbanisation, la sylviculture, l’exploitation des espèces, les espèces exotiques invasives, les processus naturels, la modification des régimes hydrologiques, la production énergétique, le changement climatique et la pollution sont, par ordre d’importance, les causes majeures de la détérioration de la biodiversité européenne. Enfin, « l’exploitation des espèces », qui pour la Commission regroupe la chasse, l’abattage illégal, les prises accidentelles ou encore l’empoisonnement, serait en troisième position.
Le rapport d’analyse de la FACE nous indique que 46% des oiseaux chassables affichent une fluctuation à la baisse des populations reproductrices. En ce qui concerne les populations hivernantes, celles-ci témoignent d’une croissance pour 58% des espèces chassables. Ces chiffres ne concernent pas uniquement les oiseaux chassables, parmi les 500 espèces d’oiseaux dénombrées en Europe, l’étude dévoile une baisse du nombre de reproducteur pours 32% d’entre-elles, mais une augmentation d’individus en hivernage pour 54% de ces espèces. Enfin, la FACE conclu « le cas des espèces d’oiseaux d’eau est également traité, et révèle que de nombreuses espèces ont soit connu une hausse (du nombre de couples reproducteurs) ou qu’elles n’ont pas expérimenté de déclin significatif. »
Le tableau ci-dessus résume l’évolution des populations d’oiseaux chassables en Europe. Comme la FACE nous l’expliquait, le constat est sans appel pour les populations de reproducteurs, qui semblent littéralement déserter l’Europe. La principale cause de cette hécatombe, avérée par ces études et non des idéaux d’extrémistes, est incontestablement l’agriculture et la disparition des milieux. Le statut est défini pour la population européenne globale de chaque espèce, lorsque le celui-ci est catégorisé de « quasi-menacé » cela signifie que la population enregistre une baisse supérieure ou égale à 20% depuis 1980. Le statut « menacé » quant à lui correspond aux critères établi par l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). L’évolution long terme intègre les données des populations de 1980 à 2018.
Sur les deux dernières études d’envergures menées à travers l’Europe, de 2008 à 2012 pour la première, 2013 à 2018 pour la seconde, le pourcentage d’espèces chassables disposant d’un statut « bon » est passé de 54 à 46%, les oiseaux catégorisés en « quasi-menacé » ou « diminution » ont grimpé de 17 à 24%. Enfin, il est intéressant de noter qu’aucune espèce chassable n’a obtenu un nouveau statut « menacé » entre ces deux études.
Les populations d’oiseaux reproducteurs en Europe
De nombreuses espèces d’oiseaux trouvaient en Europe un milieu propice à leur reproduction, il est évident que ces milieux, qui disparaissent davantage chaque jour, ont un besoin vital d’attention de la part de tous les membres de l’UE. Ils représentent une priorité à laquelle tous les amoureux de la nature, sans idéologie extrémiste, doivent mettre au coeur de leurs projets. Le rapport de la FACE dévoile que pour 38% des espèces, le nombre de couples reproducteurs est inférieur à 100 000, pour 34% d’entre-elles, on dénombre entre 100 000 et 1 millions de couples, enfin, seulement 29% des espèces affichent plus d’un million de couples. Ces données sont recueillies sur les 28 pays Européens. Il faut évidemment préciser que pour certaines espèces (le canard pilet ou encore la bécasse), la zone de nidification principale se situe en dehors du territoire Européen.
Le cas du vanneau. On sait en France le vanneau menacé, attaqué par les antis. Une attention particulière a donc été portée sur cette espèces ce qui permet d’obtenir les explications suivantes :
- Le vanneau est chassé dans 6 pays participants à l’étude
- La France enregistre les plus gros prélèvements
- Trois populations de reproducteurs sont recensés à travers l’Europe (< 100 000 couples)
- Seule la population Hollandaise (la plus petite) affiche un déclin, dû à l’agriculture
- La population Finlandaise, la plus importante, quant a elle est en augmentation
- La moitié de la population de reproducteurs est soit stable, soit en augmentation
En considérant ces données, le statut du vanneau ne semble donc pas justifié pour la FACE.
Le cas du canard siffleur. Le statut « menacé » peut sembler étonnant pour cette espèce, il est dû à une diminution du nombre de couples reproducteurs en Europe estimé à 79 500/124 000 lors de l’étude 2008/2012 contre 41 600/70 100 pour la plus récente. Notez que la majorité des canards siffleurs nichent en dehors de l’Europe, les chiffres des oiseaux hivernants sur notre continent ont donc une signification plus importante : lors de l’étude menée entre 2008 et 2012, on dénombrait entre 1,9 et 2,27 millions d’oiseaux en hivernage, rappelons les deux hivers rudes de 2010 et 2011 qui ont fait déferler un nombre d’oiseaux très conséquents et nettement plus élevé que lors d’hiver plus doux. Sur la dernière étude (2013/2018) le nombre de canards siffleur en hivernage reste relativement similaire puisqu’il est compris entre 1,78 et 2,09 millions d’individus. La moyenne sur le long terme (1980/2018) est en augmentation, ce qui est un signe positif. Enfin, la diminutions de reproducteurs en Europe est principalement dû au changement climatique, modification des milieux et à la prédation d’après l’étude.
Les chasseurs, ces écologistes de terrain
L’étude révèle un point flagrant : la chasse telle que pratiquée de nos jours, n’est responsable d’aucune baisse d’effectifs d’oiseaux, et ce, à travers toute l’Europe. Il est regrettable de voir nos opposants dépenser autant d’énergie, de fonds et de temps pour lutter, idéologiquement, contre notre activité en sachant pertinemment que, même si la chasse venait à être abolie à travers l’Europe, cela n’aurait absolument aucun impact sur la dégradation de la biodiversité sur notre continent. Preuve en est que ce constat de diminution des populations concerne, sans distinction, les espèces chassables et protégées.
Alors les chasseurs sont-ils les véritables écologistes de terrain ? Il est en effet aisé de constater que nombre de prétendus écologistes agissent davantage par la communication, parfois et souvent mensongère ou orientée, que par des actes concrets qui permettront d’endiguer cette disparition de notre biodiversité. La majorité des projets menés par les chasseurs Européens concerne la réhabilitation / l’entretien des milieux (70%). En gérant ces territoires, qu’il s’agisse de garder une zone ouverte, des niveaux d’eau suffisant ou encore adapter l’impact de l’activité humaine, les chasseurs contribue à l’amélioration de l’habitat non seulement des espèces chassables, mais également protégées. Une récente étude révèle également le bienfait de la gestion des prédateurs par les chasseurs : sur les territoires gérés spécifiquement pour la grouse en Ecosse, où les « Gamekeeper » sont particulièrement actifs à la régulation des corvidés et renards, les succès de reproductions de toutes les espèces d’oiseaux nichant au sol sont multipliés par 5 comparés aux territoires sans gestion des nuisibles.
Avant d’énoncer les recommandations apportées par la FACE sur le rôle des chasseurs dans la conservation de notre biodiversité, il est utile de rappeler certains points marquants, souvent utilisés comme argument de la part de nos opposants :
- Les rapports de prélèvements des oiseaux sont soustraits aux comptages d’oiseaux hivernant : ainsi, par exemple, le dernier rapport de l’ONCFS (devenu OFB) indique un prélèvement de sarcelle d’hiver en France compris entre 310 910 et 425 342 individus. Hors, la population hivernante à travers l’Europe est comprise entre 1,42 et 1,75 million de sarcelles. Les prélèvements français représenteraient donc entre 20 et 35% de la population hivernante. Bien évidemment ces proportions sont totalement erronées ! Les comptages d’oiseaux hivernants sont réalisés au point culminant de l’hiver soit en janvier. A cette période, l’écrasante majorité des oiseaux ont déjà été prélevé, et ceux à travers tous les pays Européens pour qui la saison de chasse touche à sa fin ! Ainsi, les comptages d’oiseaux hivernants prennent en compte les prélèvements réalisés durant la chasse.
- Considérer les données de cette étude comme unique source d’information sur les populations d’oiseaux : en effet, les oiseaux migrateurs n’ont pas de frontières ! Ainsi, pour nombres d’espèces, la zone de reproduction se situe en dehors de l’Europe, et donc des études qui y sont menés. Il en est de même pour les populations d’hivernants : les comptages, réalisés en janvier, ne peuvent prendre en compte les oiseaux qui ont déjà traversé nos contrées pour rejoindre l’Afrique.
Après les constats apportés par cette vaste étude, la FACE prodigue de multiples recommandations, concrètes, afin de préserver la biodiversité Européenne. Il ne s’agit pas uniquement d’actions pouvant être menées sur le terrain mais également des suggestions d’ordre legislatives à conduire au niveau de l’Europe. La vision du futur ne peut être que négative, de nombreuses actions peuvent être menées pour reconduire nombres de populations à des niveaux de conservation durables. L’association européenne entend bien mettre les chasseurs au coeur de ces opérations, il s’agit à chacun, chasseurs, agriculteurs, écologistes, forestiers, etc… de prendre conscience de son rôle et mettre en oeuvre les mesures adéquates.
Liens / Sources :
Site officiel de la FACE
Rapport 2020 sur les espèces chassables (pdf en anglais)
Conservation of African-Eurasian Migratory Waterbirds (AEWA)